Prêche #38 « Quel statut le Coran accorde-t-il aux Révélations antérieures ? » (10 février 2023, Anne-Sophie Monsinay)
En tant que dernière religion issue de la lignée Abrahamique, l’islam se place dans la continuité des révélations qui précèdent le Coran. Cette position donne au Coran un rôle de rappel et de confirmateur du message spirituel mais aussi parfois un rôle de correcteur des interprétations antérieures. Pour certains musulmans, l’arrivée de l’islam implique un changement de paradigme vis-à-vis des révélations précédentes. Dans cette conception, même si les révélations sont considérées comme authentiques (dans les faits c’est rarement le cas, nous y reviendrons), l’arrivée d’un nouveau Prophète impliquerait l’abolition des messages précédents et l’adhésion pour tous les croyants au nouveau message révélé. L’année dernière, j’avais abordé le statut des juifs et des chrétiens dans le Coran (Prêche #31). Nous allons à présent nous intéresser au statut de leurs révélations respectives. La révélation du Coran a-t-elle rendu la Bible caduque ou au contraire, la Torah et l’Evangile font-ils partis des textes sacrés des musulmans ?
I Que signifie reconnaître tous les Prophètes pour un musulman ?
Le Coran indique que Muhammad est le sceau des Prophètes (33 : 40). De ce verset, les interprétations classiques considèrent que Muhammad serait le dernier des Prophètes envoyé pour l’humanité, autrement dit, qu’il n’y aurait pas d’autres Prophètes après lui. Néanmoins, force est de constater qu’il y a eu d’autres envoyés avec de nouvelles révélations après l’avènement de l’islam. En Inde, on trouve les sikhs, une religion monothéiste du 15ème siècle constituée autour d’un livre sacré et de 10 Gurus, équivalent aux Prophètes ; ou encore la foi baha’ie en Iran, une religion monothéiste du 19ème siècle, issue de l’islam chiite mais qui s’en ai détaché pour former une religion indépendante avec sa propre révélation et ses messagers. Certains musulmans sont embarrassés lorsqu’on évoque ces religions postérieures à l’islam. La plupart choisisse de rejeter leur authenticité et les considère comme des « religions inventées ». Cette posture est un parti pris qui se défend puisque cela relève évidemment de la foi de chacun. Cependant, cela revient à faire ce que nous reprochons à certains juifs et chrétiens qui n’ont pas reconnu la Prophétie de Muhammad sous prétexte qu’elle est plus tardive que leurs propres Révélations.
Une autre compréhension possible est alors d’envisager Muhammad non pas comme le dernier de tous les Prophètes, car on pourrait alors se demander quelle pertinence il y aurait pour un hindou ou un bouddhiste d’avoir comme représentant un homme qui se situe en dehors de leur sphère religieuse et culturelle, mais comme le dernier Prophète de la lignée Abrahamique et l’accomplissement final de la promesse faite à Abraham dont le nom signifie « père d’une multitude » (Prêche #16)
Une autre option est d’avoir un regard différent sur la notion de « sceau de la Prophétie ». Le sceau n’est pas seulement ce qui clôture un document. C’est avant tout ce qui l’authentifie. Lorsqu’un cachet est scellé, nous avons la garantie que le document n’a pas été falsifié et que la dernière personne en ayant eu connaissance est le propriétaire du sceau apposé. En tant que sceau de la Prophétie, Muhammad ne clôture pas seulement les révélations abrahamiques mais il authentifie tous les Prophètes qui l’ont précédés ainsi que leurs messages respectifs. Voilà pourquoi un musulman se doit de reconnaître tous les Prophètes et révélations antérieures. La théologie ascharite a érigé cet élément doctrinal en pilier de foi à juste titre. Il ne s’agit pas de croire seulement en la Révélation de Muhammad mais en l’ensemble des révélations de Dieu, en « Ses Livres ». De nombreux versets coraniques y font références. Ces versets prennent soin de citer les noms des Prophètes antérieurs que le Coran authentifie, en précisant l’importance de ne pas en privilégier certains au détriment des autres :
Dites : « Nous avons porté la foi en Dieu, en ce qu’on a fait descendre sur nous et ce qu’on a fait descendre sur Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les lignées, en ce qui a été donné à Moïse et à Jésus, et en ce qui a été donné aux Prophètes, provenant de leur Seigneur. Nous n’écartons aucun d’entre eux (nous faisons aucune différence entre eux), et pour Lui nous nous abandonnons. (Coran 2 : 136)
Ceux qui ont porté la foi et n’ont pas revêtu leur foi d’iniquité, ceux-là ont la sécurité, et ils sont bien guidés. Tel est l’argument que Nous avons donné à Abraham à l’égard de son peuple. Nous élevons en degrés qui Nous voulons. Certes, ton Enseigneur est sage, savant. Nous lui avons accordé Isaac et Jacob. Nous les avons dirigés tous deux. Et Noé, Nous l’avons dirigé antérieurement ; et parmi sa descendance, David, Salomon, Job, Joseph, Moïse et Aaron – c’est ainsi que Nous rétribuons ceux qui se comportent parfaitement –Et Zacharie, Jean-Baptiste, Jésus et Elie – tous parmi les Intègres – et Ismaël, Elysée, Jonas et Loth. Nous avons favorisé d’un surcroît de grâce chacun d’eux au-dessus des êtres de l’Univers, Et parmi leurs pères, leurs descendances et leurs frères, et Nous les avons choisis et guidés le long d’une Voie qui exige la rectitude. (Coran 6 : 82-87)
C’est Nous qui t’avons donné l’inspiration comme Nous avons inspiré Noé et les Prophètes après lui. Nous avons inspiré Abraham, Ismaël, Isaac, Jacob et les douze Tribus héréditaires, Jésus, Job, Jonas, Aaron et Salomon. Nous avons donné à David un psautier. (Coran 4 : 163)
Le Coran veille ici à rappeler le nom de tous les grands Prophètes de la Bible. Cela ne signifie pas qu’aucun ne fut oublier, le Coran ne vise jamais à l’exhaustivité lorsqu’il rappelle des informations présentes dans la Bible mais il cherche à résumer et transmettre les éléments les plus importants, ici les noms des grands Prophètes desquels est issu le Prophète Muhammad. Le dernier verset cité (4 : 163) intègre Muhammad à cette lignée de Prophète pour indiquer la similitude entre lui et eux et le renouvellement d’un même processus amorcé des siècles auparavant. Muhammad est ainsi inscrit dans une histoire qu’il n’a pas vocation à effacer mais bien à revitaliser, à sublimer et à rappeler à ceux qui l’ont oubliée. Voilà pourquoi le Coran n’est qu’un « rappel » et Muhammad un « rappeleur », comme ses prédécesseurs :
Dites : « Nous avons adhéré fidèlement à ce qui a été descendu jusqu’à nous et à ce qui a été descendu jusqu’à vous (les gens du livre). Le Dieu que nous adorons comme le Dieu que vous adorez est unique, et à Lui nous nous abandonnons. (Coran 29 : 46)
L’énumération de tous les Messagers antérieurs à Muhammad ne pouvant être complète, le Coran précise que d’autres Prophètes non nommément cités ont existé et accomplie une mission :
Certains Messagers dont Nous t’avons narré l’histoire auparavant et d’autres messagers dont Nous ne t’avons pas narré l’histoire. Et Dieu a réellement parlé à Moïse. (Coran 4 : 164)
Reconnaître les Prophètes et les livres précédant et faisant l’histoire du Coran ne signifie pas simplement admettre une reconnaissance de façade qui n’entraînerait aucune conséquence concrète sur notre vie de croyant. Si le Coran prend la peine de relater à de nombreuses reprises les récits de vie de ces Prophètes, c’est pour plusieurs raisons :
- Leurs récits de vie sont source d’enseignements pour nous. Il nous est parfois possible de nous identifier aux épreuves qu’ils traversent, aux leçons qu’ils apprennent, à la compréhension qu’ils ont d’une expérience de vie etc
- Leurs attitudes, leurs réactions, leurs personnalités sont des modèles de comportements que nous pouvons adopter.
Or, cela suppose de prendre le temps de découvrir ces Prophètes. Pour cela, lire le Coran ne suffit pas car il ne fait que résumer leurs récits de vie en partant du principe que nous avons déjà connaissance du récit complet. Nous avons la version complète mais la consultons-nous ? Seule la lecture d’un évangile – idéalement de plusieurs évangiles – permet d’avoir un bon aperçu de la vie et des enseignements de Jésus. Seule la lecture de la Torah permettra de connaître la vie d’Abraham, de Joseph ou de Moïse. Et seule la lecture des livres de Samuel, des livres des Rois et des Psaumes (Bible hébraïque) nous plongera dans la vie de David et de Salomon.
Pour ceux qui souhaitent aller plus loin, il est aussi possible de tisser une relation spirituelle avec ces Prophètes. Les soufis le font avec le Prophète Muhammad dont la nature spirituelle s’expérimente et se goûte dans la vie et la pratique spirituelle. Cela est bien sûr possible avec les autres Prophètes qui sont aussi Prophètes de l’islam car Prophètes du Coran. Chaque Prophète a son tempérament spirituel et selon notre propre nature spirituelle, nous serons plus ou moins proches de certains d’entre eux.
Jésus, de par ses attributs de Parole de Dieu et d’Esprit de Dieu, est souvent considéré comme très accessible pour un contact spirituel direct mais ayant des enseignements très exigeants ; Marie incarne à la fois une douceur et une force de caractère ainsi qu’une ferveur dévotionnelle puissante, Moïse et Joseph enseignent par la symbolique de leurs récits de vie, Abraham offre le dépouillement et le retour à l’Unicité première. Muhammad est parfois plus difficile à trouver mais se découvre avec force et grandeur dans l’intimité. Loin d’être une description exhaustive, la vision et la relation qu’on établit avec chaque Prophète ne peut être que personnelle et individuelle.
Certains soufis étaient particulièrement proches de figures Prophétiques antérieures au Prophète Muhammad. C’est le cas d’Ibn Arabi avec Jésus. Il nous dit à ce sujet : « J’ai vécu de nombreuses rencontres spirituelles avec lui (Jésus) et c’est auprès de lui que je suis revenu à Dieu. Il a imploré Dieu pour moi afin que je persiste dans la religion en ce bas monde et dans l’Au-delà, et m’a appelé son bien-aimé. Il m’a ordonné de pratiquer le détachement et le dépouillement. (…) Jésus fut mon premier maître spirituel auprès de qui je suis revenu à Dieu. Il a pour moi une immense sollicitude et ne me néglige pas un instant. »1
D’autres maîtres soufis ont développé un lien privilégié avec Marie, la mère de Jésus qui, ayant reçu une annonce angélique, peut tout à fait être considérée comme Prophétesse. C’est le cas de Frithjof Schuon, fondateur de la tariqa Maryamiyya, baptisée ainsi en l’honneur de la Vierge Marie dont il dit avoir reçu des grâces, ou encore le cheikh ‘Abd Allah al-Yunînî (m.1220), qui raconte sa proximité avec Marie dans le récit suivant :
« Il était assis un jour dans sa zâwiya quand une femme se présenta, conduisant une monture chargée de cuivres et de tissus. Elle l’attacha, vint à lui et le salua. Il lui demanda :
– Qui es-tu ?
– Une chrétienne du Jubbat al-Qunaytra (au Mont Liban)
– Qu’est-ce qui t’amène chez moi ?
– J’ai vu Dame Marie en songe et elle m’a dit : « Va et mets-toi au service du cheikh ‘Abd Allâh al-Yunînî jusqu’à ta mort. ». Je lui ai dit : « O maîtresse, c’est un musulman ! ». Marie répondit : « Et alors ? Certes, c’est un musulman, mais son cœur est semblable à celui du chrétien. »
Le cheikh lui déclara : « Marie est la seule à me connaître ! »
Le cheikh lui attribua un logis dans sa zâwiya et elle resta à son service pendant huit mois puis tomba malade. Le cheikh lui demanda :
– Que désires-tu ?
– Je veux mourir dans la religion de Marie.
Le cheikh ordonna qu’on fit venir un prêtre (…) et elle mourut chez le prêtre. »2
II Les révélations antérieures sont-elles falsifiées ?
1) L’Evangile ou les évangiles ? Canoniques ou apocryphes ?
L’argument principal sur lequel se fonde beaucoup de musulmans pour justifier qu’il ne serait pas pertinent de lire la Torah et les Evangiles sont que les textes auraient été falsifiés par leur communauté. Une des preuves avancée est que le Coran parle de l’Evangile au singulier alors qu’il y a plusieurs évangiles dans la Bible. Comme souvent, seule une approche littérale du terme permet de résoudre cette contradiction qui n’est qu’apparente. Dans le sens coranique, l’Evangile (injil) est la « manifestation » de Jésus. Il ne s’agit donc pas d’un livre contrairement à la Révélation coranique mais d’une Révélation orale contenue dans l’ensemble des paroles de Jésus. Les évangiles canoniques sont bien évidemment porteurs, tout comme le Coran, d’une partie de ces paroles, lorsque les propos de Jésus sont cités. A cela s’ajoutent dans les évangiles bibliques des éléments biographiques et la description des actions de Jésus qui sont des informations indispensables pour comprendre son discours. Aucun texte ne comprend l’intégralité des Paroles de Jésus. En revanche, tous les évangiles canoniques en contiennent une partie.
L’Evangile authentifié par le Coran comprend donc les paroles de Jésus rapportés dans divers livres « évangiles ». Qu’en est-il du reste ? Les récits biographiques de la vie de Jésus présentés dans les évangiles sont-ils authentiques ? Tout comme la biographie du Prophète Muhammad, celle de Jésus a été transmise oralement avant la mise à l’écrit. Ajoutons néanmoins la mention de l’Esprit Saint qui, d’après les textes, inspire les disciples de Jésus dans leur transmission. Cependant, d’un point de vue musulman, les éléments biographiques de la vie de Jésus dans les évangiles n’ont pas le même statut que les Paroles citées par Jésus. Il convient donc de les aborder avec un esprit critique, tout comme la biographie du Prophète Muhammad. Toutefois, il est important d’avoir à l’esprit qu’au moment de la Révélation coranique, la Bible chrétienne était déjà constituée et les 4 évangiles canoniques déjà choisis. Or, le Coran ne remet pas en cause les événements relatés dans les évangiles concernant la vie de Jésus. La seule contradiction apparente est le verset coranique qui rejetterait la crucifixion. Mais en réalité il n’en est rien car le verset indique simplement l’illusion de la mise à mort de Jésus dont l’Esprit et l’âme ne peuvent mourir. Le verset indique simplement la victoire de Jésus sur la mort (voir Prêche #21 « Jésus dans le Coran »). Autre élément important, les divergences entre les 4 évangiles canoniques sont minimes et concernent en général des détails et non les grandes étapes de la vie de Jésus.
Qu’en est-il des évangiles apocryphes ? L’exclusion de certains évangiles du corpus biblique est un choix chrétien fondé à la fois sur des éléments du dogme chrétien et sur la volonté de conserver des évangiles à teneur biographique. Par conséquent, un musulman n’aura pas la même grille de lecture et de sélection. En outre, le Coran indique que Jésus a annoncé certaines Paroles qu’on ne trouve pas dans les évangiles canoniques comme la venue du Prophète Muhammad :
Jésus le Fils de Marie dit : « Vous les fils d’Israel ! Vraiment, je suis le Messager de Dieu vers vous qui confirme ce qui est toujours actuel pour moi de la Thora, et annonciateur d’un Messager après moi : son nom est Ahmed. » (Coran 61 : 6)
Certains musulmans retiennent un passage de l’évangile de Jean qu’ils associent au Prophète Muhammad. Ce passage évoque un « paraclet », c’est-à-dire un réconfort ou un consolateur, que Jésus a annoncé à ses disciples avant sa mort, pour justifier la nécessité de son départ.
Et moi, j’intercéderai auprès du père. Il vous donnera un autre Paraclet (réconfort, consolateur), pour qu’il soit avec vous en pérennité, le souffle (l’Esprit) de vérité que l’univers ne peut recevoir, parce qu’il ne le voit pas et ne le connaît pas. Vous le connaissez, vous ; il demeure avec vous et il est en vous. (Evangile selon Jean 14 : 16-17)
Mais le Paraclet (réconfort, consolateur), le souffle sacré (l’Esprit Saint), que le Père envoie en mon nom, celui-là vous enseignera tout ; il vous rappellera ce que moi je vous ai dit. (Evangile selon Jean 14 : 26)
On peut effectivement associer ce Paraclet à une personne à venir par le fait qu’il « enseignera » et qu’il rappellera les propos de Jésus. En revanche, un certain nombre d’éléments posent problème : le Paraclet est censé rester avec les disciples de Jésus qui sont les premiers récipiendaires de cette Parole de manière définitive. Or, tout comme Jésus, Muhammad finira aussi par mourir et quitter les humains. S’il s’agit de la présence de son énergie spirituelle qui accompagne tous les croyants, dans ce cas, il en est de même pour celle de Jésus. Il serait alors inutile de présenter cet « autre consolateur » qui viendrait compenser le départ terrestre de Jésus. Autre point important, le Paraclet est présenté comme un Esprit/Souffle Saint ou Sacré qui demeure en nous. Or, le Coran n’a jamais présenté le Prophète Muhammad comme un Esprit Saint. L’Esprit Saint (Ruh al-qudus) est évoqué comme une entité à part entière, éventuellement associée à un Ange mais pas à un Prophète. Quant à l’Esprit (Ruh) de Dieu, il est insufflé en Adam et en Jésus qui est « Esprit procédant de Dieu » (Coran 4 : 171) mais pas spécifiquement en Muhammad. Bien sur, Adam représentant l’archétype de l’humanité, si l’Esprit est insufflé en lui, Il l’est aussi en chacun d’entre nous et donc bien évidemment chez Muhammad. Par conséquent, bien qu’on puisse interpréter ces versets en référence au Prophète Muhammad, force est de constater que tous les qualificatifs présents pour définir le Paraclet peuvent aussi s’attribuer à Jésus, et on peut difficilement concevoir la présence de Muhammad comme étant déjà « connue » des disciples de Jésus et « en eux » alors qu’il n’est pas encore né. Les chrétiens associent le Paraclet à l’Esprit Saint, nommément cité dans le verset. Cette interprétation semble plus naturelle, d’autant plus que l’Esprit Saint a pour fonction d’aider les disciples de Jésus à se souvenir des enseignements reçus de la part du Messie pour les transmettre aux humains. Sa fonction prend alors tout son sens pour les personnes qui reçoivent le message. Car, même si tout texte sacré a une portée universelle, il s’adresse avant tout au peuple qui le reçoit, en l’occurrence les disciples de Jésus.
Quoiqu’il en soit, ces versets de l’Evangile de Jean ne répondent pas au verset coranique citant Ahmad car aucun évangile canonique ne cite le nom du Prophète Muhammad. Le seul évangile citant Muhammad est un apocryphe, celui de Bernabé. Néanmoins, ce dernier pose problème car il emprunte fortement à la tradition musulmane en faisant de Muhammad un Prophète supérieur aux autres Prophètes, qui se soumettent à sa grandeur et en faisant prononcer à Adam la profession de foi islamique. De plus, cet évangile contredit le Coran en faisant dire à Jésus qu’il ne serait pas le Messie ! 3 Cet évangile dont les premiers manuscrits remontent au XVIème siècle a probablement été forgé avec maladresse par les musulmans pour défendre leurs positions théologiques sur Jésus face à celles des chrétiens. Par conséquent, si aucun évangile potentiellement authentique ne cite le nom du Prophète Muhammad, cela signifie que toutes les Paroles de Jésus n’ont pas été mises par écrit ou que certains évangiles ont été perdus.
Parmi les évangiles apocryphes, ceux de Thomas et de Marie Madeleine ne comprennent que des paroles attribuées à Jésus sans élément contextuels ni biographique, à la manière des hadiths. Ces paroles évoquent presque exclusivement des enseignements gnostiques et ésotériques, adressés probablement à Thomas et à Marie Madeleine qui étaient deux disciples de Jésus. Ces évangiles mettent l’accent sur la fonction de maître spirituel du Christ, à l’image des maître soufis. En lisant ses évangiles, un soufi y verra une grande proximité avec les enseignements des maîtres. Ces évangiles ne contiennent pas d’éléments dogmatiques qui pourraient heurter les convictions islamiques. Aucun élément ne permet de les authentifier avec certitude mais rien ne permet de les exclure du corpus des textes saints, d’autant plus qu’ils correspondent à la définition coranique de l’Evangile en tant que « manifestation » de Dieu par la compilation de Paroles de Jésus sans ajout biographique « humains ». Là encore, seule une conviction personnelle permettra à ceux pour qui ils font sens de les reconnaître.
Il serait dommage d’invoquer une prudence excessive pour disqualifier systématiquement tous les évangiles sous prétexte qu’on ne puisse pas les authentifier avec certitude. Il en va de même pour les hadiths, certains d’entre eux ont vraiment été prononcés par le Prophète et d’autres sont forgés. Pour autant, nous ne rejetons pas l’intégralité du corpus des hadiths par prudence mais faisons le tri ! Les enseignements de Jésus traitant de sagesses spirituelles, il n’y a aucune raison pour que les propos aient été modifiés volontairement par les chrétiens. Ils peuvent être mal compris, mais cela relève de l’interprétation et non des propos en eux même. Le Coran incite à prendre connaissance de ces révélations puisqu’il nous demande de croire en Ses Livres, il ne tient qu’à nous de suivre cette prescription.
2) Falsification de la Torah ?
La Torah regroupe les 5 premiers livres de la Bible hébraïque ou de l’Ancien Testament de la Bible chrétienne. Ces 5 livres sont la Genèse, l’Exode, le Lévitique, les Nombres et le Deutéronome. Ils évoquent des récits de la création du monde à la mort de Moïse. Les juifs considèrent que la Torah est la Parole de Dieu descendue sur Moïse. Les tables de la loi contenant les 10 commandement qu’on pourrait plus justement traduire par les 10 Paroles sont une première révélation faite à Moïse mais il a par la suite poursuivi la rédaction du Livre de Dieu par l’intégralité de la Torah. La tradition juive attribue la fin de la rédaction de la Torah à Josué, disciple et successeur de Moïse, puisque cette dernière décrit les circonstances de la mort de Moïse et s’achève avec l’entrée du peuple hébreu en Terre promise.
Tora en hébreu signifie « guider, diriger, enseigner ». Les juifs appellent également Torah par extension l’ensemble de leur Bible dont des livres attribués à d’autres Prophètes que Moïse, par exemple les Psaumes de David ou le livre des Rois qui évoque le récit de la vie de Salomon.
Le Coran évoque la Torah comme le Livre que Dieu a donné à Moïse. En cela, il est plus logique d’identifier la Torah coranique comme la Torah historique comprenant uniquement les 5 livres du Pentateuque. Néanmoins, le Coran cite également le livre des Psaumes écrits par David qui se trouve en dehors de la Torah, dans la Bible hébraïque. Il cite également le nom de différents Prophètes qui sont mentionnés dans d’autres livres bibliques : le livre de Job, le livre de Samuel, les deux livres des Roi par exemple. S’ajoute à cela certains écrits apocryphes, qui ne se trouve pas dans le corpus de la Bible juive, comme le Testament d’Abraham ou le Testament de Moïse ou encore l’Apocalype d’Abraham, auquel le Coran se réfère. Cela invite à considérer la Torah au sens large avec l’ensemble de la Bible hébraïque et certains apocryphes, puisque tous ces livres sont des révélations divines. Là encore, même si l’authenticité de tous les livres n’est pas démontrée, un musulman se doit a minima d’en prendre connaissance.
Beaucoup de musulmans considèrent qu’il est inutile de lire la Bible car elle serait falsifiée par les juifs et les chrétiens. Une falsification consciente de la Torah et des évangiles chrétiens signifierait qu’ils auraient volontairement modifié leur propre livre. Cette idée serait étrange car les juifs et les chrétiens croient fermement à l’authenticité de leur révélation. Il s’agirait alors soit d’une falsification malveillante de la part d’hypocrites soit d’une falsification involontaire, c’est-à-dire d’erreur de copie ou de transmission. Plusieurs versets coraniques sont mis en avant pour soutenir cette idée :
Certes, parmi eux (des juifs), certains tordent leur langue avec l’Ecriture (prennent des libertés en la prononçant) pour que vous pensiez que cela fait bien partie de l’Ecriture alors que cela ne vient pas de l’Ecriture. Ils disent le mensonge au sujet de Dieu alors qu’ils savent ! Il ne revient pas à un être humain à qui Dieu a donné l’Ecriture, la Sagesse et la Prophétie, de dire aux humains : « Soyez mes serviteurs en dehors de Dieu. Soyez plutôt des êtres de la nature des maîtres-éducateurs en raison de la science de l’Ecriture que vous communiquez et en raison de votre application à l’étude. (Coran 3 : 78-79)
Nous les (Fils d’Israël) avons éloignés de Notre Présence parce qu’ils ont rompu leur Alliance et Nous avons endurci leurs cœurs. Ils changent le texte littéral de la Parole et oublient une partie de ce qui leur a été rappelé. Tu ne cesses de discerner quelque trahison de leur part sauf chez quelques uns. Sois indulgent envers eux et aplanis les difficultés après avoir tout bien considéré, car Dieu aime ceux qui agissent bien. Nous avons conclu l’Alliance avec ceux qui ont dit : « Nous sommes chrétiens », mais ils ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé. Nous avons stimulé entre eux l’hostilité et la haine jusqu’au Jour de la Résurrection. Dieu les informera de ce dont ils se trouvaient être les artisans. O Familiers de l’Ecriture ! Notre Messager est bel et bien venu à vous : il vous explicite bien des aspects de ce que vous occultiez de l’Ecriture, et passe sur beaucoup par indulgence. Une Lumière et une Ecriture explicite vous sont déjà parvenues procédant de Dieu. (Coran 5 : 13-15)
Parmi ceux qui ont adhéré au Judaïsme, certains détournent les mots de leurs places et disent « Nous avons entendu et nous avons désobéi » ; ou bien : « entends sans être entendu ; aie des égards pour nous », cela en déformant leurs langages et en diffamant leur religion. (Coran 4 :46)
Malheur alors à ceux qui écrivent l’écriture de leurs mains, puis disent : « Ceci vient de chez Dieu ! » (Coran 2 : 79)
Si ces versets indiquent clairement une altération du sens et des ajouts de textes non révélés mais sacralisés, cela n’indique en rien une altération des textes sacrés. Le premier verset (3 : 78) indique une modification dans la prononciation qui aboutit à une déformation du sens. Il ne s’agit en aucun cas d’une modification de la lettre du texte. Le verset indique que la modification est orale et porte sur le sens. La conséquence est une confusion pour les fidèles entre ce qui vient du livre et ce qui n’en vient pas. Difficile de ne pas voir un lien avec les critiques que Jésus émet vis-à-vis des prêtres pharisiens dans les évangiles. Il s’agit dans les deux cas de responsables religieux qui modifient le sens des enseignements soit par des interprétations éloignées du sens réel soit par l’ajout de nouvelles normes en dehors de la Torah. On pourrait penser à certains passages du Talmud ou au droit juif pour lequel il convient d’avoir un regard critique comme pour les hadith et le fiqh en islam. En aucun cas, la lettre de la Torah n’est ici remise en question. Si telle était le cas, le Coran n’en attesterait pas son authenticité ni de la nécessité de s’y référer. Autrement dit, s’il n’y a pas de corrections explicites du Coran d’un passage de la Torah – c’est-à-dire une reprise du récit avec modification, le récit de la Torah doit être considéré comme authentique.
Le deuxième verset met l’accent sur de mauvaises interprétations que le Coran corrige « Il (Muhammad) vous explicite bien des aspects de ce que vous occultiez de l’Ecriture, et passe sur beaucoup par indulgence » (3 : 15). Là encore, les textes sacrés ne sont pas remis en cause, seulement l’interprétation qui en ai faite ainsi que le fait de cacher certains versets. Cette attitude peut aussi se retrouver chez des théologiens musulmans. Par exemple, affirmer que le jeûne du mois de Ramadan est une obligation alors que le Coran donne explicitement la possibilité à ceux qui ne souhaitent pas jeûner de compenser en nourrissant un pauvre, revient à cacher aux fidèles des versets coraniques (voir Prêche #22).
Concernant les chrétiens, le début du verset 14 de la sourate 5 indique soit qu’ils n’ont pas compilé l’intégralité des Paroles de Jésus (« ils ont oublié une partie de ce qui leur a été rappelé ») soit qu’ils ne l’ont pas suffisamment mise en application. Chaque nouveau Prophète offre l’opportunité de commenter, critiquer et corriger les manquements des croyants qui suivent leurs prédécesseurs tout d’abord car la période qui sépare un nouveau Prophète de son prédécesseur permet d’avoir du recul sur la réceptivité du message et la manière dont celui-ci s’est intégré au quotidien des gens. Il est donc facile et légitime qu’un nouveau Prophète s’insurge contre les manquements des porteurs de la tradition antérieure surtout vis-à-vis des responsables religieux qui ont le devoir de transmettre et d’enseigner correctement la Parole. Tous les Prophètes ont émis ces critiques pour tenter de recentrer les fidèles sur l’Unicité et la spiritualité. Si un nouveau Prophète et une nouvelle révélation arrivaient aujourd’hui, les musulmans en prendraient aussi pour leur grade exactement avec les mêmes reproches que ceux que le Coran adresse aux juifs et aux chrétiens. Il n’y a donc aucune prétention à suivre la dernière révélation abrahamique. Cela n’est nullement une garantie de bonne compréhension du Coran, surtout quand on se coupe de la Torah et de l’Evangile.
Deux présentations différentes d’un même récit dans le Coran et dans la Torah ne signifient pas forcément que le Coran corrige le récit précédent. La plupart du temps, le texte coranique présente simplement un autre point de vue. Si quelques rares passages de la Torah ont pu être altérer par des erreurs de transmission, de compréhension ou de copie, le Coran revient systématiquement dessus pour modifier ou corriger l’erreur. Notons qu’il s’agit souvent de détails qui ne modifient pas le sens profond du récit : la Torah indique par exemple que la fille de Pharaon a recueillie Moïse sur le Nil, alors que le Coran mentionnera la femme de Pharaon, sans changer la portée du récit.
III Les prescriptions antérieures sont-elles abolies pour les musulmans ou toujours d’actualité ?
Les révélations antérieures permettent de connaître l’histoire des Prophètes en détail, de témoigner de leurs réactions face aux difficultés de leurs vies et de bénéficier de leurs enseignements spirituels. On peut s’interroger sur les prescriptions religieuses bibliques ? Certaines s’approchent des prescriptions coraniques mais d’autres sont différentes. S’appliquent-elles ou non aux musulmans ?
On trouve peu de prescriptions de pratiques religieuses dans les enseignements du Christ car il s’inscrivait pleinement dans celles de la Torah, d’où viennent l’essentielle des prescriptions juives. Il a recommandé la prière du Notre Père qui est en réalité une prière juive qu’il rappelle. Le contenu de cette prière ne pose aucun problème pour un musulman. Il reprend la fête de la Pacque à laquelle il ajoute un rituel en lien avec sa mort à venir (manger du pain azyme en référence à son corps sacrifié et boire du vin en référence à son sang versé). Jésus était juif et suivait donc les prescriptions religieuses du judaïsme. Le Coran indique néanmoins que Jésus a abolit certaines de ces prescriptions et que le Coran en a abolit d’autres :
Nous avons interdit des choses délectables qui avaient été rendues licites à ceux qui ont professé le Judaïsme, à cause de leur enténèbrement d’injustice, et aussi pour avoir empêché un grand nombre d’accéder au chemin de Dieu. (Coran 4 : 160)
Jésus le Fils de Marie dit : « Vous les fils d’Israel ! Vraiment, je suis le Messager de Dieu vers vous qui confirme ce qui est toujours actuel pour moi de la Thora, et annonciateur d’un Messager après moi : son nom est Ahmed. » (Coran 61 : 6)
D’après le Coran, les hébreux étaient un peuple difficile à éduquer spirituellement. Malgré les bienfaits que Dieu leur a octroyés à de nombreuses reprises, ils retombés systématiquement dans des pratiques idolâtres. C’est pour cette raison qu’ils ont reçu un grand nombre de commandements afin d’encadrer leur pratique et leur éthique de vie. Le Coran se veut plus souple dans les pratiques prescrites. Il reconfirme certains rituels et pratiques soit explicitement (l’interdiction du porc par exemple) soit en les mentionnant simplement dans son corpus. Dans les évangiles, Jésus ne prescrit pas de pratiques mais il réaffirme des pratiques juives comme la prière du Notre Père et le rituel de la Pâque. Le Coran n’évoque pas la prière du Notre Père. En revanche, il mentionne la commémoration du dernier repas de Jésus lors de la fête de Pâque (Coran 5 : 112) qui peut donc tout à fait être célébrée par les musulmans. Pour le reste, on peut considérer les autres prescriptions de la Torah comme abolies pour les musulmans car non réaffirmées dans le Coran.
D’autres prescriptions de la Torah ont été apportées aux Prophètes antérieurs à Moïse et ne concernent donc pas que les juifs. Il s’agit par exemple de la circoncision, prescrite à Abraham, pour ses descendants. Elle est établie pour tous descendants d’Abraham s’engageant dans l’alliance, c’est-à-dire les Prophètes qui descendent d’Isaac (les Prophètes juifs jusqu’à Jésus) et d’Ismaël dont descend le Prophète Muhammad.
J’établirai mon alliance entre moi et toi (Abraham), et tes descendants après toi, selon leurs générations : ce sera une alliance perpétuelle, en vertu de laquelle je serai ton Dieu et celui de ta postérité après toi. (…) C’est ici mon alliance, que vous garderez entre moi et vous, et ta postérité après toi : tout mâle parmi vous sera circoncis. Vous vous circoncirez ; et ce sera un signe d’alliance entre moi et vous. (Genèse 17 : 7-11)
C’est par cette alliance qu’elle se pratique encore aujourd’hui en milieux musulmans. Notons qu’elle ne concerne pas seulement les descendants biologiques d’Abraham mais aussi ses descendants spirituels que sont les juifs, les chrétiens et les musulmans. Cette alliance primordiale explique l’importance d’Abraham dans les rites islamiques notamment pour le Pèlerinage et la fête du sacrifice (voir Prêche #16 Fête du sacrifice). Cependant, même si la Torah affirme cette alliance perpétuelle, le Coran ne prend pas la peine de la confirmer. Cela laisse ainsi un libre choix à tout musulman de perpétuer ou non cette prescription religieuse en fonction du sens qu’il y trouvera.
Ibn Arabi souligne également l’importance des différences de prescriptions entre les révélations car elles permettent ainsi à chaque croyant de choisir la voie qui correspond à sa personnalité spirituelle. Il dit dans « Les illuminations de La Mecque » :
« Les religions révélées ne sont diverses que par la diversité des aspects divins qu’elles envisagent. En effet, si l’aspect divin selon lequel telle chose est permise dans la loi révélée était le même que celui selon lequel la même chose doit être interdite, il n’existerait pas de divergences de statut juridique d’une loi révélée à l’autre. Or, il est bien établi que de telles divergences existent. De plus, si cela n’était pas le cas, cette parole divine n’aurait pas de sens : « A chacun de vous, Nous avons donné une loi et une voie. » Or, il est vrai que chaque communauté possède une loi et une voie propres qui leur furent apportées par leur prophète ou leur envoyé lequel a, d’une part, confirmé les religions qui l’ont précédé et, d’autre part, exposé de nouveaux éléments. Nous savons donc, en toute certitude, que l’aspect divin par lequel Dieu accorda Sa loi à Muhammad est différent de ceux par lesquels Il révéla Sa loi aux autres prophètes. Si tel n’était pas le cas, et si l’aspect divin à l’origine de la loi révélée était unique sous tous les rapports, alors les religions révélées seraient une sous tous les rapports. Si l’on demande : pourquoi les aspects divins envisagés sont-ils différents d’une religion à l’autre ? Nous répondons : A cause des différentes dispositions intérieures. Ainsi, l’homme malade implorera : « O Toi qui soigne et donne la guérison ! » ; l’homme affamé s’écrira : « O Toi qui accorde la subsistance ! » ; l’homme en passe de se noyer appellera : « O Toi qui accorde le secours ! » (…) Les aspects divins (vers lesquels l’homme se tourne) dépendent donc des différentes dispositions intérieures. »4
Le Coran aura toujours une place centrale et prédominante pour tout musulman. Il fixe les éléments normatifs, développe de larges enseignements éthiques et ésotériques notamment à travers les récits bibliques qu’il condense pour en extraire l’essence et les grandes significations. Cependant, il n’est pas un livre complet. Aucun livre ne pourrait avoir la prétention d’apporter l’intégralité d’un enseignement de vie ou l’intégralité des Paroles de Dieu pour l’humanité. L’islam n’existerait pas sans les révélations abrahamiques qui ont précédé sa naissance. Muhammad et le Coran s’inscrivent dans un dessein divin constitué de plusieurs Prophètes et Révélations. Il ne s’agit pas d’accorder à la Bible une part égale à celle du Coran, mais en prendre au moins connaissance une fois dans son intégralité ne peut qu’être bénéfique à la foi et au cheminement spirituel du musulman, ne serait-ce que pour mieux comprendre le Coran.
1 Ibn ‘Arabi, « Les illuminations de La Mecque »
2 Abû Shâma, Tarâjim, année 617 h. Trad. Fr. : Claude Addas, Ibn Arabi et le voyage sans retour, ed du Seuil, 1996, p.121
3 Evangile de Bernabé, chapitre 42.
4 Ibn ‘Arabi, « Les illuminations de La Mecque »